Cent jeux: deux mots

Bonjour, et bienvenue sur mon blog "Cent jeux : deux mots". Il s'agit pour moi d'un exercice (sans jeux de mots, promis!) ...

04/05/2020

Comment VOUS pouvez influencer le tourisme du futur

Le tourisme est un des secteurs économiques les plus touchés par la crise du Coronavirus. Dans le même temps, on observe un certain soulagement dans les zones habituellement victimes du surtourisme, et un espoir un peu naïf que le calme perdure.

Le miroir du tourisme a deux faces : l'Offre et la Demande. L'offre, ce sont les divers acteurs du tourisme : le transport, l'hébergement, la restauration, les agences et les guides, les attractions... Malgré toutes les belles promesses, à l'heure du déconfinement chacun défendra son bifteck après des mois de disette, et tous voudront un retour rapide à la 'normale'. Comment leur en vouloir ? Tout le monde n'a pas les ressources pour se reconvertir, ni parfois l'envie : le désarmement nucléaire est une superbe idée dans son principe, mais personne ne veut être le premier désarmé... #EnnioMorricone

Or si l'on ne change rien, il n'y aura pas de tourisme Bisounours : des paquebots surpeuplés sillonneront à nouveau les océans, et des gadgets inutiles hanteront les étagères des boutiques de souvenirs. De nouveau, les soirées EVG nous empêcheront de dormir, et les segways nous couperont la route sur le trottoir. N'attendons pas trop des autorités, pour lesquelles l'humanité passe après le profit. Les belles déclarations d'intention entendues pendant le confinement ne sont que vides promesses électorales.

Puisqu'il faudra bien que le tourisme reprenne, qui peut donc influencer son comportement futur, et comment ?

L'autre face du miroir est la demande : c'est vous. Ou nous tous, quand nous voyageons. Ou pas. Ou autrement. Un changement dans la demande a le pouvoir de faire évoluer l'offre, et même - soyons fous - forcer la main des autorités compétentes à faire évoluer le tourisme dans le bons sens. En ce moment même, on dessine des kilomètres de pistes cyclables dans le centre-ville de Budapest : une consécration pour la Masse Critique, un mouvement populaire qui les réclamait depuis des années. #VieuxMotardJaponais

Le moment est venu de se demander ce que nous voulons : continuer à faire partie du problème - que nous connaissons tous - ou nous pencher directement sur les solutions. En partant d'une feuille blanche, que souhaite-t-on retrouver à l'heure du déconfinement et de la réouverture des frontières ? Ca tombe bien, on a du temps pour imaginer - et construire - le tourisme de demain.

La demande détient la clé du surtourisme. A travers quelques exemples, je voudrais faire un tour d'horizon des angles de changement qui s'offrent aux voyageurs.

En tout premier lieu, nous devons im-pé-ra-ti-ve-ment nous débarrasser de la pression sociale visant à DEVOIR ALLER PARTOUT. C'est une ligne de pensée destructrice, à l'origine des foules inutiles et d'un sentiment de manque - car combien peuvent vraiment aller partout ? De tous ceux qui voyagent beaucoup, combien en profitent vraiment ? Et pourtant, le Ich war hier et le j'ai fait ont la dent dure. Apprenez à vous contenter de ce que vous avez déjà, et n'encouragez pas les influenceurs, qui vivent du déséquilibre qu'ils créent entre vos désirs et vos possibilités.

En parlant de possibilités, faisons un petit calcul : soient 7 miliards de personnes qui veulent visiter le parc du château de Versailles (1000 ha soit 10000 m2). Même avec un remplissage pseudo-humain de 2 personnes par m2 et en laissant une heure à chacun, il faudrait 350000 heures (nuit et jour) pour faire passer tout le monde, soit 40 ans ! Et d'ici là une ou deux nouvelles générations seront nées...

Voyez-vous, voyager n'est pas une obligation, et ce n'est pas agréable pour tous. Mais beaucoup d'entre nous sommes encore capables de passer outre la fatigue, les prix prohibitifs, la foule et autres inconvéniences du voyage pour une raison très particulière : y être allé(e). Et de rares photos sans personne dessus, avec beaucoup de patience et encore un peu de chance.

Ironiquement, Internet regorge de photos et de vidéos exceptionnelles réalisées par des professionnels, vides de touristes et avec des angles et des lumières inaccessibles au grand public. Et avec le tourisme virtuel, vous pouvez désormais visiter le monde à moindre frais depuis le confort de votre fauteuil.

Oui, mais rien ne vaut notre propre photo ni notre propre expérience - aussi inconfortable soit-elle ! Serons-nous capables un jour de vaincre notre ego ? L'offre du tourisme doit se remettre en question, certes. Mais la demande aussi.

D'aucuns diront que le guide touristique se tire une balle dans le pied, à encourager les touristes à rester chez eux. Mais vivre du tourisme ne signifie pas adhérer à tout ce qu'il représente. Je suis autant (sinon plus) victime du surtourisme que vous. Aux premières lignes, je suis très bien placé pour voir les problèmes et imaginer des solutions.

Commençons par élaircir le tourisme superflu.

Par exemple, au lieu d'encombrer une foule dans le seul but de prendre un selfie sans même adresser un regard direct au lieu, pourquoi ne pas acheter un panneau vert et une licence Photoshop ? C'est moins cher et laisse tout le monde respirer...

Plus sérieusement, combien de fois ai-je entendu un ami de retour d'un voyage d'affaire se plaindre qu'il n'a eu le temps de rien voir de sa destination ? A l'heure de Zoom et des vidéoconférences, ces voyages inutiles n'ont plus lieu d'être. Les grandes entreprises trouveront bien d'autres options pour leur réductions d'impôts !

Les amateurs de city-breaks partagent sûrement le sentiment des voyageurs d'affaire. Comment apprécier une destination sur un weekend quand un tiers du temps est passé en transit ? Cela vaut-il la peine d'aller dans une ville étrangère juste pour y avoir pris l'apéro ?

A l'autre bout du spectre, d'autres voyageurs préfèrent comme moi la qualité à la quantité.

Plutôt que de faire (ce qui n'a aucun sens) le plus de destinations possibles et de rentrer chez eux épuisés et confus, ils vont organiser des séjours plus longs et vivre leur destination : prendre le temps de rencontrer les locaux, de se promener sans but et hors des sentiers battus, et même prévoir du temps à ne rien faire. Ce sont des vacances, après tout. Le paroxisme de cette idée est la mini-retraite, dont l'idée continue de faire son chemin.

Comme eux, choisissez de voyager hors saison. Si vous n'avez pas de contraintes de dates (vacances scolaires), ou si vos vacances ne sont pas liées à la météo (ski, plage), voyagez quand les autres ne voyagent pas. Si ce n'est pas possible, voyagez les autres ne voyagent pas : une montagne ou une plage ou une ville plus loin. Vous éviterez la foule, économiserez sûrement de l'argent, et vous serez mieux reçus !

Les vols low-cost sont directement liés aux problèmes de pollution et de surtourisme. Optez pour le train ou l'autocar pour les trajets courts : le temps de voyage total est le même. Certes, ce voyage sera rarement rapide, confortable et ponctuel à la fois. Mais vous éviterez le stress des aéroports et regagnerez au passage le sentiment de distance perdu depuis que l'on vole partout. Et gageons que si la demande augmente, la qualité de l'offre suivra. L'homogénéité des réseaux en Europe n'est pas pour demain, mais elle est possible.

Si vous préférez les circuits, sachez qu'au delà de 15-20 personnes dans un groupe, les inconvénients s'accumulent : les enregistrements à l'hôtel sont interminables, la visite n'est plus personnalisée, les repas et les temps de pause (toilettes, boutiques) deviennent des contre-la-montre. Le coût additionnel pour voyager en groupe restreint n'est pas un luxe : il vous apporte un gain intrinsèque de temps et de qualité des services rendus.

Le P2P a révolutionné l'hébergement, et permet de louer à moindre frais des appartements privatifs. Mais l'abandon d'un de ses principes formateurs (le propriétaire est censé louer une partie des lieux qu'il  habite) est la source de bien des maux. A Malte, c'est un crève-cœur de voir les maisons historiques vides et en ruines alors même que des immeubles affreux sont construits à la chaîne pour accueillir les touristes de plus en plus nombreux. Le sauvetage du patrimoine est aussi dans nos cordes, si nous faisons les bons choix.

Une fois rendus à votre destination, d'autres choix étiques se présentent à vous. Ne soyez pas le néofite, portable à la main, qui lance son segway à 20km/h au milieu des piétons ! Les beer-bikes ont disparu des centre-ville pour une excellente raison : ils dérangent les locaux, qui ne sont pas en vacances, eux. Ne m'appellez pas trouble-fête : la derniere fois que j'ai vérifié, on pouvait encore hurler en boite de nuit ! #therhythmofthenight
Enfin, quelque chose me dit que la mauvaise habitude de toucher les statues devrait se perdre tout naturellement après le Covid-19. Une aubaine hygiènique pour la préservation des oeuvres d'art.

Il faut en finir avec les souvenirs qui finissent dans un carton ou à la poubelle - ceci est aussi valable pour les cadeaux, pas plus nécessaires que les cartes postales : tout cela est très mignon, mais ça pollue. Si vous devez vraiment ramener un souvenir, qu'il soit simple et visible, comme un aimant de frigo. Mais le niveau deux est de choisir quelque chose d'utile, dont vous avez besoin en ce moment : une nouvelle agrapheuse, un presse-citron, une paire de chaussettes, quelque chose que vous auriez acheté chez vous tôt ou tard. En revanche, acheter des babioles encourage une industrie inutile et néfaste. Acheter à un vendeur de rue, c'est contribuer à une image négative des zones touristiques et prendre le risque de se faire arnaquer (un iPhone à 100€, vraiment ?). Comme les autorités laissent faire pour des raisons qui leur sont propres, c'est encore à vous que revient l'influence directe sur l'offre et pouvez, sur le long terme, mettre fin à ces pratiques.

Le surtourisme engendre l'apparition de visites low-cost et de guides amateurs, qui constituent une concurrence déloyale aux agences de voyage et aux guides touristiques qualifiés et officiels. Guider n'est pas un passe-temps, c'est un travail et une responsabilité. Par exemple, j'adore utiliser l'humour pendant mes tours, ça égaye les visites et aide à faire passer l'information. Mais J'ai réussi à leur faire croire que n'est pas dans mon vocabulaire.

D'ailleurs, quelle est ma position dans tout cela ?

Toutes les billes ne sont pas dans les mains de la demande, et l'offre peut parfois la devancer. Qui sait, les architectes planchent peut-être déjà sur des sas sanitaires à l'entrée des maisons du futur, avec douche, zone de quarantaine pour la nourriture, et une fente pour boite à pizza incorporée à la porte d'entrée...

Ma contribution dans tout cela est de récompenser les voyageurs qui répondent le mieux aux idées que je viens d'énumérer. Si cela devenait la norme, j'aurai réussi à influencer et la demande, et l'offre ! #cestbeauderever

Puisque le tourisme durable est aussi ma responsabilité, j'offre une réduction de 20% sur le tarif de mes services si vous apportez la preuve que :
✦ Vous restez en Hongrie pour 5 nuits ou plus,
✦ OU vous arrivez en Hongrie par train ou par autocar,
✦ OU vous réservez pour une visite hors-season (1er novembre au 31 mars).
NB : l'offre n'est pas cumulative.

A bientôt je l'espère en Hongrie, dans les meilleures conditions possibles.

Ivan Alleaume
www.valamivan.com

La Hongrie, 10+6 ans en Europe

Cet article est un repost de l'article originalement publié en 2014 dans mon précédent blog. Hors quelques corrections de syntaxe, il a été n'a pas mis à jour pour inclure l'évolution de la Hongrie etre 2014 et 2020.

En 2014, la Hongrie célébrait 10 ans de présence au sein de l'Union Européenne, laquelle a énormément investi en pays Magyar : la différence entre fonds reçus et versés par la Hongrie sur l'ensemble des 10 années est de 5600 milliards de Forints (18,3 milliards d'Euros). Où est passé cet argent, et surtout, que s'est-il passé de réellement visible en Hongrie depuis le 1er mai 2004, date de l'accession ?

La Hongrie est un pays magnifique, il suffit d'y être venu une fois pour en certifier. Mais l'expérience n'est pas la même si vous êtes venu pendant la période communiste, ou dans les années 1990, 2000 ou 2010. Ceux qui ont fait le trajet plusieurs fois vous le diront: le paysage change, la vie sociale évolue, les infrastructures se bâtissent - lentement certes, mais sûrement. Depuis le changement de régime, quiconque est venu en Hongrie tous les 5 ans a vu un pays différent à chaque fois, une tendance qui devrait durer encore 15 ou 20 ans, quand la Hongrie aura rattrappé ses voisins européens dans une multitude de domaines encore en cours de développement.

Lire les journaux français me désole parfois: la Hongrie y est trop souvent résumée à la seule émergence du parti d'extrême droite Jobbik (comme si la France était résumée par la simple montée du Front National qui n'est pas plus au pouvoir en France que le Jobbik ne l'est en Hongrie, faut-il le souligner...). Il ne faut pas se voiler les yeux, le Jobbik existe, mais ne représente pas la Hongrie : un pays paisible et sûr, avec un folklore et des valeurs sociales et familiales encore présentes, ainsi qu'une volonté de se moderniser et de rivaliser sainement avec les autres pays européens - un objectif difficilement atteignable pour un pays dont le PIB représente environ 1% du PIB de l'Union Européenne.

Venons-en donc aux faits : quels changements visibles a-t-on pu observer en Hongrie depuis le 1er mai 2004 ?

INFRASTRUCTURES & TRANSPORTS

Il s'agit des changements les plus visibles. La Hongrie disposait déjà de quelques infrastructures d'importance - des gares internationales, des terminaux d'aéroport, les quais le long du Danube et de la Tisza, les réservoirs d'eau sous le mont Gellért...

Au cours des 10 dernières années, la Hongrie a continué à construire. Pas toujours utile, mais souvent grand : les centres commerciaux ont continué à pousser comme des champignons, et la ligne de métro 4 de Budapest surdimensionnée remplace des solutions qui se suffisaient déjà auparavant. Reste que le métro 4, comme le viaduc Völgy híd (au bord du lac Balaton) ou le pont Megyeri (qui couronne la nouvelle rocade autour de la capitale hongroise), fait du bien au moral des Hongrois. Une fois les coûts exhorbitants oubliés (après tout, c'est l'UE qui finance...), comment ne pas être fier de ces structures imposantes ?

D'autres travaux d'envergure ont été entrepris pendant cette période, comme le réseau de tramway de Debrecen, la rénovation de la ligne 2 (rouge) du métro de Budapest, qui ressemblait fort à... la ligne 3 (bleue), qui en aurait bien besoin. Budapest s'est aussi dotée d'un parc de tramways à plancher bas avec des rames de 56m, les plus longues du monde. Des routes ont été rénovées et des autoroutes construites (1300km aujourd'hui, dont environ la moitié entre 2004 et 2014). L'aéroport international, renommé d'après Franz Liszt en 2011, et dont le terminal 1 a dû être fermé suite à la faillite de la compagnie aérienne nationale Malév, s'est agrandi avec la connection des terminaux 2A et 2B, le dotant ainsi d'un espace commercial digne d'un aéroport européen.

Sur le Danube, le parc de circulation fluviale, déjà fort de bateaux de croisière nationaux et internationaux, de bateaux-mouche et autres bateaux restaurants et touristiques, s'est agrandi avec la mise en circulation de bateaux de lignes régulières entre les différents points de la capitale. Moins ponctuels que le reste du réseau de transport en commun (les trams et les métros ont énormément gagné en ponctualité ces dernières années) ces quelques bateaux suffisent à redonner au fleuve sa grandeur d'antan, et rappeler que la capitale a longtemps vécu au rythme du Danube.

La majorité des bains thermaux de Budapest ont été restaurés, avec des changements notables et visibles : l'augmentation des tarifs d'une part, qui justifie cependant des casiers avec fermeture magnétique et des décors rénovés. Par ailleurs, contrairement à ce qui se lit encore dans quelques manuels, tous les bains thermaux de Budapest sont désormais mixtes tous les jours - et ce depuis le 1er janvier 2013.

CHANGEMENTS "IDÉOLOGIQUES" (vains et inutiles)

Vous savez peut-être qu'après la chute du rideau de fer, les principales statues à caractère communiste avaient été placées dans un parc au sud de Buda, et que de nombreuses rues et places avaient été renommées - on leur avait généralement rendu leur nom original d'avant l'occupation soviétique.

Et bien, rebelote récente: les quelques traces de communisme encore visibles ont maintenant disparu, en allant chercher parfois le bouchon un peu loin : le nom de 'Moszkva tér" (place de Moscou) fut jugé innaproprié, la place de la 'république' devint celle du Pape Jean-Paul II ; on attribua même une place à Elvis Presley (devenu citoyen d'honneur de Budapest pour l'occasion) pour son support à la Hongrie lors de la révolution de 1956. Sous couvert de rénovation et de modernisation, on achève cette année la reconstitution de la place Kossuth telle qu'elle avait été avant la période communiste. Exit tout ce qui avait été placé là depuis la seconde guerre mondiale, et reconstruction de la place sur la base de photos d'époque.

Rassurez-vous, il reste en réalité quelques vestiges visibles du communisme, mais je ne les nommerai pas ici, on risquerait de nous les enlever... ;)

QUALITÉ DES SERVICES

C'est un aspect de la vie quotidienne moins visible et forcément subjectif, mais digne d'être remarqué car toujours en cours d'évolution: de toutes les qualités humaines que l'on pourrait attribuer aux Hongrois (et elles sont nombreuses) la qualité du service dans les boutiques et les restaurants n'en fait pas partie. Ou du moins pas naturellement. Et pourtant, il existe de nos jours de nombreux lieux publics vers lesquels les clients ont réellement envie d'aller, et pas simplement besoin comme auparavant.

Dans le passé, vous plaindre du service et claquer la porte n'aurait servi à rien d'autre que de perdre votre propre temps : en face, c'était tout aussi mauvais. Aujourd'hui, la qualité du service est telle dans certains endroits qu'il n'y a plus aucun intérêt à rester dans un lieu où vous dérangez la pause facebook d'employés qui vous considèrent dans leurs meilleurs jours comme un porte-monnaie ambulant. Continuez à chercher, et vous trouverez des endroits extraordinaires et rencontrerez des gens formidables!

BUDAPEST BY NIGHT

La vie de nuit a changé du tout au tout depuis l'avènement des 'kert' (jardin) et des 'romkocsma' (café-ruine). Les premiers sont installés dans des espaces ouverts et rappellent les beergardens, les seconds occupent de vieux bâtiments désaffectés. Tous ont en commun un décor éclectique et une ambiance bien particulière. Qui se souvient encore du tout premier Szimpla kert, déjà dans la rue Kazinczy mais bien caché au fond d'un parking ? Depuis lors, ces lieux se sont multipliés sur l'ensemble du pays, avec un épicentre au coeur de l'ancien ghetto juif de Budapest, devenu un véritable quartier latin.

La capitale a aussi allumé les lumières. Suite à la restauration des ponts historiques Szabadság et Margit, tous les ponts du centre ville sont maintenant illuminés le soir. Ne manquez pas les premières secondes d'illumination, quand les ampoules encore froides produisent une lumière verte digne d'un roman de Jules Verne. Les monuments situés au bord du Danube ne sont pas en reste : le parlement - le monument le plus imposant du pays - autrefois éclairé à la lampe de poche, est maintenant illuminé de mille feux. En face, les lumières jaunes de l'ancien palais royal et de la citadelle contrastent avec celle de l'église Mátyás, éclairée tous les soirs depuis sa rénovation d'une 'lumière blanche' (très proche de la lumière du jour).

MISE AU VERT

Le 1er mai 2004, Budapest faisait illusion en déroulant un tapis de gazon artificiel sur le pont de la liberté - le pont vert justement, rendu piétonnier pour la journée. Mais la ville des eaux, célèbre pour ses bains thermaux, avait besoin d'une grande toilette.

En 2014, de nombreux changements visibles sont à noter en termes de qualité de la vie, à défaut de les qualifier d'écologiques. Mais la Hongrie (et surtout la capitale Budapest, seule grande ville du pays) a sérieusement mis le pied à l'étrier.

Le Danube, autrefois très pollué, est aujourd'hui considéré comme (relativement) propre, même au niveau de Budapest : 95% des eaux usées sont traitées biologiquement, et une traversée du Danube à la nage avait même été organisée en 2013 en plein coeur de Budapest, avant d'être annulée pour des raisons d'organisation. Dommage, cela aurait été une première dans la capitale depuis les années 1920.

Le périphérique de Budapest a littéralement apporté de l'oxygène à la capitale. Il a permis de dérouter les nombreux camions qui passaient par le centre ville et les quais du Danube, alors que les autoroutes du pays étaient centralisées autour de Budapest. Une ville bien heureuse aujourd'hui de s'être débarrassée de la triple pollution atmosphérique, visuelle et sonore.

La gastronomie hongroise traditionnelle est très centrée sur la viande et la charcuterie. L'influence de la montée du tourisme et l'augmentation de la population étrangère résidant en Hongrie ont forcé les restaurants à proposer plus de choix végétariens et équilibrés. Si la majorité des restaurants ne proposent au mieux qu'une salade grecque, une césar et quelques pickles en-lieu de légumes frais, on observe une augmentation du nombre de bars à salade et à soupe et de restaurants végétariens.

Les villes de Hongrie ont globalement fait de la place pour les piétons, avec des quartiers et des rues semi ou entièrement piétonnes. Le centre de Pécs, capitale européenne de la culture en 2010, en est un bel exemple. A Budapest, on notera le quartier reliant les places Kálvin et Ferenciek, ainsi que les rues Lövőház, Tompa, Hollan Ernő qui concurrencent la rue Ráday, rue des restaurants devenue trop touristique pour être authentique.

Enfin, la démocratie aura le dernier mot en matière de pistes cyclables: après de longues campagnes, de journées sans voiture et de 'Critical Mass' (événements organisés en vélo à Budapest et en province), c'est bien la population hongroise qui a insisté pour disposer de centaines de kilomètres de pistes cyclables construites au cours des dernières années. Après le Balatoni 'körút' (périphrique) aménagé autour du lac Balaton en 2002, la Hongrie a aménagé des pistes cyclables autour de ses autres grands lacs, et aussi un peu partout dans les villes et campagnes de Hongrie. Budapest s'est même dotée de son propre réseau de Vélib, les "Bubi". Et on prévoit une piste cyclable du 'rideau de fer' le long de la frontière avec l'Autriche.

Comme quoi, les changements sont vraiment visibles de ce côté-ci de la frontière. Depuis 1989 certes, mais aussi depuis 2004.

Ivan Alleaume
www.valamivan.com